Qu’une situation de crise puisse offrir des opportunités managériales, cela peut sembler surprenant. Au premier abord, vous auriez plutôt tendance à vous dire qu’en temps de crise, c’est tout le monde sur le pont, on fait ce qu’on peut et on sauve les meubles… Pourtant, quand je vois la formidable capacité des êtres humains à s’adapter, à se réinventer et à créer, je suis persuadé qu’une crise recèle de vraies opportunités managériales. Et que certains managers sont à « un coup de boost près » de repartir sur les chapeaux de roue ! On en parle ?
Faut-il prendre les aides de l’État pour rebondir après la crise ?
Le gouvernement propose des aides aux entreprises pour survivre à la crise, et c’est une bonne chose pour se rassurer. Mais j’appelle aussi cela un cadeau empoisonné. Je ne dis pas qu’il ne faut pas les prendre, je ne critique pas non plus les aides, loin de là ! La question n’est pas politique.
Mais attention à ne pas tomber dans le piège : cet argent ne doit pas tuer votre mindset d’entrepreneur ou de manager. Comme disent les Américains, « there is no free lunch ». Les aides du gouvernement sont des décalages. Elles permettent de soulager (un peu) les inquiétudes, de retrouver un peu d’optimisme pour rebondir après la crise. Mais elles ne doivent surtout pas vous empêcher de vous poser les bonnes questions !
Elles doivent vous permettre une chose : saisir des opportunités. Voilà comment vous devriez voir les choses :
- La crise survient. Elle représente une opportunité, voire une obligation de changement ;
- C’est sur cette opportunité que vous devez vous concentrer ;
- En plus, voilà de l’argent qui tombe du ciel et qui vous permet de limiter votre risque !
L’argent de l’État n’est pas une opportunité, c’est un moyen. Bref, cet argent est un facilitateur (pour se rassurer, mais aussi rassurer les collaborateurs !), mais ça ne doit pas devenir un frein. Les opportunités sont ailleurs.
Les 3 types d’opportunités managériales d’une crise
1. Régler les problèmes de fond
En entreprise comme dans la vie, il y a des choses qu’on remet toujours. On repousse, on finit par oublier un peu, pourtant, les problèmes de fond restent des problèmes.
En management, ce sont souvent les changements que l’on repousse. On travaille avec des humains, des équipes qui fonctionnent à leur manière depuis des dizaines d’années parfois. Et en tant que manager, on peut avoir peur de la résistance que l’on va rencontrer.
Pour moi, ce qui était nécessaire avant la crise l’est encore plus maintenant. Et en plus, la fenêtre de tir est parfaite. Pourquoi ? Parce que vos collaborateurs sont peut-être un peu perdus ou angoissés. Vous ne pouvez pas les laisser comme ça. C’est le moment de changer ce qui doit l’être, de passer les « réformes » qui dorment depuis un moment dans votre esprit, alors qu’elles feraient du bien à vos collaborateurs, à votre entreprise, et accessoirement… à vous !
Il y a déjà 10 ans (gloups), nous sortions un épisode du podcast avec Lorry, intitulé « Le sens de l’urgence ». Je l’ai ressorti et un peu dépoussiéré cette semaine, parce que c’est encore aujourd’hui l’un de mes préférés, et il résonne tout particulièrement avec ce que j’écris sur la crise actuelle depuis quelques mois.
Avoir le sens de l’urgence, cela signifie embrasser la réalité et ses dangers pour créer un mouvement permanent d’adaptation et d’amélioration. L’idée, c’est que la peur permet le passage à l’action. Et qu’une confiance en soi ou en l’avenir trop aveugle empêche d’être en prise avec la réalité.
Un manager doit générer un sens de l’urgence au sein de ses équipes ! Bien sûr, vous n’allez pas créer une crise dans votre entreprise à chaque fois que vous avez l’impression que tout le monde s’endort. Ce ne serait pas très éthique… Mais là, c’est du tout cuit ! En tant qu’entrepreneur ou manager, vous devez sauter sur l’occasion. Sinon, la vague vous submergera. Or, l’idée, ce n’est pas que vous couliez, c’est que vous surfiez dessus…
Je ne peux pas faire la liste des changements à votre place. Vous seul savez ce qui est bon pour votre activité. Alors remontez vos manches, et sortez la grande liste des changements que vous envisagiez avant la crise, et mettez-la en œuvre.
2. Régler les problèmes liés à la crise
Ces problèmes-là sont aussi très spécifiques à chaque secteur, à chaque entreprise, et même à chaque équipe. Je ne peux à nouveau pas lister les opportunités à votre place. Mais une crise telle que celle que nous vivons vient forcément avec son lot d’opportunités.
Le vrai travail à faire, c’est d’abord de laisser aller toutes les angoisses qui concernent ce sur quoi vous ne pouvez pas agir.
Ensuite, faites face aux faits : « Avant la crise, tel truc fonctionnait très bien comme ça. Depuis la crise, ça ne fonctionne plus du tout ».
Et ensuite, point par point, cherchez les opportunités dans chaque problème. Chaque problème contient une occasion d’apprentissage. Et de chaque apprentissage, vous pouvez tirer un passage à l’action : arrêter telle chose, modifier telle autre, déplacer, accélérer, ralentir, créer… La crise a eu et aura des effets, mais vous avez prise sur la plupart d’entre eux.
Quelques exemples :
- Le télétravail. J’en ai parlé dans plusieurs articles déjà (celui-ci par exemple), mais le travail à distance « forcé » a été une vraie révélation pour des tas d’entreprises et de salariés. Du point de vue du confort, de la productivité, de l’efficacité, et même du management, la crise a ouvert de vraies pistes de réflexion sur la question du télétravail.
- La vente en ligne ou par téléphone. Je connais un entrepreneur qui encourageait depuis des années son entreprise à vendre par téléphone. Pendant la crise, ils n’ont pas eu le choix, et ils ont découvert que cela marchait très très bien.
- Enfin, dans certaines entreprises, ce sont des personnalités qui se sont révélées. Et cela donne des lignes de conduite pour la relance.
3. Les opportunités de management
J’ai beaucoup parlé de cela depuis le mois de mars. La crise recèle également de vraies opportunités d’apprentissage sur le management, sur soi et sur les autres (en l’occurrence, vos collaborateurs).
Peut-être, d’ailleurs, que vous avez découvert Outils du Manager à cette occasion, puisque j’ai sorti mon article-guide des bonnes pratiques de management à distance, mais aussi une formation complète sur le management à distance.
Si c’est le cas, bienvenue ! J’espère que mon contenu vous aura donné envie de changer les choses. Si vous êtes nouveau, vous ne le savez peut-être pas, mais Outils du Manager, c’est aussi un livre gratuit à télécharger, un forum, et une newsletter privée, pleine de conseils de management.
Si vous appliquez déjà les Outils du Manager que nous développons depuis plus de 10 ans, je suis presque sûr que, comme moi, ils vous ont été très utiles pendant le confinement. Personnellement, cela me donne toujours plus foi en un management qui respecte des principes, une régularité, et un vrai engagement. Pas de management « magique » ou « à la papa ». Pas de process ultra-chronophage, mais une vraie organisation centrée sur les relations. La crise a fait revenir la plupart d’entre-nous à l’essentiel, et c’est tant mieux.
La semaine prochaine, je vous donne des pistes pour concrétiser les opportunités managériales de la crise, que vous aurez identifiées d’ici-là (n’est-ce pas ?), et opérer la transformation.
En attendant, managez bien !
Manon Watine pour ODM