Pour mon retour sur le blog après la courte pause des fêtes, je reviens avec un article un peu différent de ce dont j’ai l’habitude. Quelques jours avant Noël, j’ai reçu un mail de l’un d’entre vous qui souhaitait me parler d’un miracle. Eh oui, Benoît a le sens du timing ! Comment mieux entamer cette nouvelle année ?
Vous le savez, ce blog, mes podcasts, mes vidéos et mes Form’actions tournent tous autour du thème du management. Il ne s’agit donc pas de miracle christique ici, mais de miracle managérial. J’ai trouvé son mail tellement chouette que je lui ai demandé l’autorisation d’en tirer un article.
- Parce que ça m’a fait très très plaisir ;
- Parce que ça me semblait suffisamment important pour que vous aussi, managers, vous tiriez parti de son expérience ;
- Parce que c’est une très belle illustration de la vision du management que je vous partage depuis toutes ces années.
La courbe en queue de cochon, l’illustration de la progression
Managers, votre mission est d’amener vos collaborateurs au meilleur d’eux-mêmes. Vous devez faire en sorte qu’ils obtiennent des résultats, et qu’ils restent dans l’entreprise. Pour cela, vous avez certainement une armada de théories et d’outils, qui fonctionnent sûrement très bien (surtout si vous utilisez les nôtres ! ;-)).
Pourtant, rien n’y fait, votre équipe a parfois des moments down. Vous savez, je parle de ces moments de démotivation, de baisse de la performance, ou de perte de sens. Ça peut arriver après un gros projet, comme une sorte de blues, ou alors ça arrive justement quand on est au summum de ses performances. Et là, on n’y comprend plus rien. Qu’arrive-t-il à nos méthodes qui portaient pourtant si bien leurs fruits ? Comment interpréter cette régression alors que justement, tout se passait à merveille ?
Eh bien la queue de cochon, c’est un concept qui sert à comprendre, et à sortir de ce type d’impasse sereinement. J’avais fait deux podcasts à ce sujet en octobre 2018. De manière générale, la courbe en queue de cochon modélise le phénomène d’adaptation et de croissance dans la nature. En management, elle modélise la progression de vos collaborateurs (et la vôtre, d’ailleurs). Bref, elle illustre l’adaptation.
J’ai créé ce concept en détournant un dessin trouvé dans le livre de Ray Dalio, « Principles », très gros traité de près de 600 pages, avec, vous le devinez, peu d’illustrations. Celle-là m’attendait au détour d’une page pour me sauter aux yeux ! .
Bref, de quoi s’agit-il ?
De façon classique, on peut penser qu’évoluer, c’est avancer de cette façon :
Parfois, trop simplifier, c’est se tromper. Ne croyez pas à cette vision simpliste, ou vous aurez de grandes déconvenues et prendrez de mauvaises décisions.
Cette image de l’évolution est fausse.
En fait, on évolue et on s’adapte plutôt selon ce schéma (qui se reconduit en permanence) :
Ça parait logique : meilleur on devient, plus la tâche se complexifie. C’est comme quand on apprend à jouer d’un instrument. Tout est nouveau au début, donc tout apprentissage est hyper satisfaisant, et on se sent progresser à toute vitesse. Puis les techniques se complexifient, le niveau augmente, et on se sent en difficulté. Il faut fournir des efforts différents ou supérieurs pour continuer à avancer. Il faut s’adapter au niveau de difficulté.
Je ne sais pas pour vous, mais moi, quand j’ai découvert cela, j’ai vécu une sorte d’épiphanie dans ma vision du management. Pourquoi ? Parce qu’elle m’a permis de me détendre.
- Non, quand je me plante, ça ne veut pas dire que je deviens mauvais ;
- Non, quand mes collaborateurs se plantent, ça ne veut pas dire que je les ai rendus mauvais ;
- Oui, il y a un chemin qui mène à chaque objectif, et il n’est pas linéaire.
L’avantage de la courbe en queue de cochon, c’est qu’elle peut servir de support à tous les autres outils de management que vous connaissez. Et en particulier à ceux d’ODM.
Votre job, on l’a dit plus haut, c’est de faire en sorte que vos équipes réussissent. Pour ça, vous devez donc leur débroussailler le passage, les accompagner, les coacher.
Vous devez être là pour eux au bon moment. Vous devez encourager les actions de progression, mais aussi faire changer leurs comportements quand ils ne sont pas favorables. Et pour ça, vous devez savoir où ils en sont. Ensuite, vous pourrez vous servir de cette illustration pour vos feedbacks, pour vos 1 à 1, ou même en réunion.
Votre rôle, en tant que manager, est de situer votre collaborateur sur sa courbe de progression. Lorsqu’il n’est pas performant, la bienveillance dont on parle tant consiste à avoir le courage de le lui dire de manière positive.
Vous pourrez lui dire, après lui avoir expliqué la courbe : « Là ça y est, tu es en phase de régression. Ça veut dire que la prochaine phase de performance n’est pas loin, si tu trouves comment réagir ». Ensuite, vous lui demanderez de changer, de s’adapter. Et selon son degré d’autonomie et votre style de management, vous le laisserez trouver ses solutions, ou vous le coacherez dans cette recherche.
Pour résumer, en management, la courbe en queue de cochon vous sert à guider la progression de vos collaborateurs selon ces 5 étapes :
- Détecter : être suffisamment attentif et à l’écoute de vos collaborateurs pour repérer leurs moments down (grâce aux 1 à 1) ;
- Mesurer : définir où ils en sont de leur courbe de progression (grâce aux 1 à 1) ;
- Informer : les en informer (en feedback) ;
- Demander : leur demander de progresser (en feedback) ;
- Accompagner : dans leur adaptation (grâce au coaching).
Voilà pour le résumé du concept. Maintenant, place au témoignage de Benoît.
La courbe en queue de cochon selon Benoît, manager et auditeur d’Outils du manager
Benoît m’envoie donc un mail quelques jours avant Noël, qu’il avait titré « Le miracle de la queue de cochon ». Dans ce mail, il souhaite me remercier en me faisant part de son expérience de la queue de cochon avec ses collaborateurs.
Il me raconte que la semaine précédente, avant que tout le monde parte en vacances, il avait planifié avec son équipe une après-midi « Bilan de l’année 2019 et projection 2020 ». Cette idée lui était venue de l’un de mes podcasts, dans lequel je conseillais de prendre le temps de regarder dans le rétroviseur pour se rappeler d’où l’on vient, ce qu’on a accompli, et de célébrer les réussites.
Il était un peu inquiet à l’approche de cette réunion puisque depuis quelques semaines, ses 1 à 1 mettaient en évidence une grosse fatigue de ses collaborateurs, et un peu de ras-le-bol. Il cherchait donc comment introduire cette réunion de façon à les faire parler de cela et à les redynamiser.
Voilà ce qu’il m’écrit ensuite : « Premier miracle : en t’écoutant sur la route du travail, tu as reparlé de la progression en queue de cochon. Bingo, j’avais mon idée : leur présenter ce concept, refaire le schéma de la progression, qui passe par la stagnation, voire la régression, avant de rebondir ».
Au début de la fameuse réunion, Benoît présente la courbe usuelle, c’est-à-dire la flèche droite, en leur disant que lui ne s’y retrouve pas ni personnellement, ni professionnellement, et leur demande comment eux voient les choses.
« Et là, sans aller plus loin dans les explications, le miracle de la queue de cochon est advenu : ma collaboratrice que je sentais la plus en difficulté a pris la parole spontanément et a dit à l’assemblée « Moi, j’ai senti que j’ai beaucoup avancé, progressé en début d’année, mais depuis le mois d’octobre-novembre, j’ai eu un coup d’arrêt voire même j’ai reculé sur certaines choses ». J’ai alors dégainé la queue de cochon pour expliquer que l’on passait tous par là, que c’était normal et qu’il était important d’identifier ces passages pour mieux rebondir. Cela rejoint le fait que le bonheur passe, non pas par la sécurité, mais par la progression, l’accomplissement. L’équipe a été regonflée à bloc face à ces nouvelles perspectives. Tout le monde est parti en vacances avec le sourire ! ».
Voilà pour Benoît, qui me confie avoir été propulsé manager quelques années auparavant sans accompagnement ni formation, comme beaucoup de managers. Il s’est formé par lui-même, et en partie avec mes podcasts, et, dit-il : « je vois le résultat : collaborateurs épanouis, dynamiques, résultats obtenus, communication fluide et… manager satisfait de jouer son vrai rôle ! ».
Ce mail m’a ravi, comme vous vous en doutez. D’une part, il est un exemple merveilleux de ce que l’on peut s’épanouir au travail – et en tant que manager. D’autre part, je suis toujours sincèrement content de savoir que mon travail vous aide concrètement.
Un grand merci à Benoît Blattes.
Sur ce, je vous souhaite une excellente année 2020. Et j’en profite également pour vous faire part en avant-première de la sortie de mon nouvel Ebook. Je vous en reparlerai plus amplement dans les semaines à venir, mais il développe de façon concrète l’utilisation des profils DISC pour les managers. N’hésitez pas, il se lit rapidement puisqu’il fait une petite cinquantaine de pages, et vous y trouverez des outils utilisables immédiatement !
Je vous retrouve la semaine prochaine. Nous reprendrons le rythme hebdomadaire de publication.
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Manon Watine pour ODM