Beaucoup de managers ont souffert ou souffrent encore de la crise que nous traversons. Il nous faut traiter nos propres peurs, mais aussi celles des équipes que nous manageons. Il nous faut entamer une transition, mettre en place des plans d’action, relancer notre management, rassurer, accompagner, alors que l’on est parfois soi-même pris par l’angoisse. C’est aussi parce que beaucoup d’entre vous ont évoqué leurs difficultés sur le forum Outils du Manager que j’ai décidé de rédiger cet article guide, avec 4 conseils pour bien manager en temps de crise.
Changer sa définition de la crise
Manager en temps de crise, qu’est-ce que ça veut dire exactement ? En premier lieu, cela veut dire que vos collaborateurs, les membres de l’équipe que vous managez, vont se tourner vers vous. Ils vont attendre de vous que vous trouviez des solutions, que vous les rassuriez, que vous soyez le roc dans la tempête. Et pour être capable de cela, vous devez vous-même être au clair avec votre définition de la crise.
Dans le vocabulaire courant, et même ambiant en ce moment, une crise, c’est un drame. C’est un moment absolument négatif. On a l’impression que le ciel nous tombe sur la tête. Je suis allé vérifier dans le Larousse, persuadé que j’allais lire quelque chose du style « changement d’ordre établi », qui allait illustrer mon propos. Eh bien, pas du tout ! Les mots qui reviennent sont de l’ordre de la difficulté, du trouble, de la rupture, de la morbidité… On est bien d’accord, ces termes-là sont des composantes de la crise. Mais, il y a un mais.
Dans la crise, il y a certes la notion de danger. Mais il y a aussi et surtout celle d’alternative entre la mort et la guérison, et celle de décision. En entreprise, pour prétendre gérer une crise, il faut garder en tête qu’elle est un accélérateur. Les guerres, les catastrophes, les pandémies, ont toujours été destructrices de l’ordre établi, mais aussi génératrices de progrès et de transformation.
C’est là que je veux en venir : quand une crise frappe, vous avez le choix. Vous pouvez en faire un évènement uniquement mortifère et le traverser passivement en serrant les dents, ou vous pouvez en faire une opportunité d’amélioration.
4 conseils pour bien manager en temps de crise
1. Assumez votre fonction
Une crise contient toujours des risques et des opportunités. Elle est forcément, à un moment, porteuse d’angoisse, de doute, voire de souffrance et de détresse. Il n’est pas question de nier cela. Par contre, il est primordial de chercher à faire quelque chose de tout cela. Il faut qu’à la fin, vous puissiez vous dire : « Ah, c’était compliqué, mais j’ai appris ceci, mis en place cela, amélioré tel processus et transformé ma relation avec untel ». Cette épreuve doit signifier quelque chose, indiquer une direction.
Il y a trois façons de la traverser :
- Niveau 1 : si vous ne voyez que le risque, vous perdrez ;
- Niveau 2 : si vous vous dites que c’est un passage, vous pourriez bien gagner ;
- Niveau 3 : si vous pensez en sortir meilleur, vous gagnerez.
Je vous dis que vous avez le choix, mais je considère qu’en tant que manager ou entrepreneur, en fait, vous ne l’avez pas vraiment. Votre fonction, c’est celle de la progression. Votre raison même d’exister, c’est de chercher dans toute crise une opportunité. La question, c’est plutôt : « Comment faire pour vous hisser au niveau 3 ? ».
Je vous propose de vous poser et de réfléchir à ces 3 questions :
- Qu’est-ce que cette crise révèle ?
- Que m’apprend-elle à mon sujet ?
- Que m’apprend-elle au sujet de mes collaborateurs ?
- Que m’apprend-elle au sujet de mon entreprise ?
Vos réponses seront le point de départ, le constat qui jalonnera votre plan d’action. Elles vous permettront aussi d’être vous-même suffisamment au clair pour réussir à rassurer vos collaborateurs, pour les aider à se remettre en mouvement et à se questionner eux aussi. Vous pouvez d’ailleurs leur suggérer ce petit exercice, ou le faire avec eux pendant un 1 à 1 par exemple.
2. Transformez la peur en action
En vous conseillant d’assumer votre fonction, je ne veux surtout pas ajouter une injonction à toutes celles qui reposent déjà sur vous. Il ne s’agit pas non plus de vous dire « arrêtez de vous plaindre et d’avoir peur, bougez-vous ! ». Il peut être très difficile de trouver du positif dans certains moments, et j’ai un autre conseil à vous donner à ce sujet.
J’ai écouté une conférence de Charles Pépin, dans laquelle il est interrogé sur l’optimisme. Charles Pépin se méfie de l’optimisme à tout-va, qui véhicule l’idée qu’il y a du beau dans tout, que tout est toujours super tout le temps. Pour lui, cette idée comporte le danger de ne pas voir la réalité. Il lui préfère l’idée de la joie : observer le monde pour ce qu’il est, avec sa beauté et sa noirceur, et avancer avec joie dans ce monde.
Voilà comment je vois les choses dans le travail : la peur et l’inconfort sont ce qui nous permet de nous rendre compte de la réalité. Ils sont indispensables. Ils font partie de la vie, et ce sont même les moteurs du changement puisqu’ils nous poussent à nous adapter. La joie, c’est ce qui permet de changer une réalité déplaisante.
Alors voici ce que je vous conseille, si vous avez peur et que vous vous sentez paralysé par la situation :
- Posez vos peurs sur le papier ;
- Relatez les faits ;
- Ensuite, mesurez le risque : cela permet de changer un sentiment diffus et constant en une réalité.
- À partir de là, cherchez la réalité vers laquelle vous souhaitez aller.
3. Trouvez votre logique
Pour traverser cette crise, vous allez devoir, ou avez dû, établir des plans d’action : un plan global, et puis des plans adaptés aux différents services, aux différentes équipes et aux différents collaborateurs de votre entreprise. Pour manager cela au mieux, je vous conseille de trouver votre propre logique dans ce qui semble être le chaos. L’avantage, c’est que cela structure votre pensée et vous met des objectifs.
Une crise est un passage. Considérer la crise comme un passage logique, d’une stabilité A à une stabilité B, comme je vous l’avais présenté dans mon article sur Les bonnes pratiques du management à distance, m’aide beaucoup personnellement.
La séquence logique est la suivante :
- Stabilité A ;
- Chaos ;
- Adaptation ;
- Stabilité B.
Appropriez-vous cette séquence, adaptez-la selon votre propre logique et votre activité ! Cela donne une direction, un sens, et rappelle que le chaos est temporaire. En plus, cela vous donne un rôle : celui d’adapter votre management pour arriver le plus vite et le mieux possible de l’autre côté (vers la stabilité B). D’ailleurs, vous pouvez également intégrer vos collaborateurs dans cette logique. C’est une bonne manière de relancer votre management. Amenez-les à réfléchir à leur rôle actif dans cette transition.
Et transformez le « Plus rien ne sera jamais comme avant… » en « Voilà ce qu’on va faire ! ».
4. Cherchez vos opportunités
Le chemin à faire pour bien manager en temps de crise est vraiment celui d’un changement de mindset indispensable. Sinon, on a vite fait de se laisser engloutir par le chaos. J’ai pensé ces 4 conseils et leurs exercice pratiques comme autant de jalons sur ce chemin.
- Peur, angoisse diffuse –> identification des problèmes et des risques ;
- Problèmes, risques, « no future » –> période à passer ;
- Période à passer –> opportunité d’amélioration.
Une fois que vous avez identifié vos peurs et ce que la crise révèle, que vous avez pris conscience que votre job est d’arriver à cette nouvelle situation, il devient beaucoup plus facile de vous dire : « Comment cette situation B pourrait être encore meilleure que la situation A que nous connaissions avant ? ». C’est là que vous pouvez aller un cran plus loin, et ajouter de la joie à votre processus en transformant cette crise en opportunité.
ET VOILÀ LA NOUVELLE VISION DE LA CRISE :
Cette étape-là, nous l’aborderons la semaine prochaine avec un petit guide pour la recherche d’opportunités.
D’ici-là, managez bien, et si vous souhaitez recevoir plus de conseils de ce type, n’oubliez pas de vous abonner à ma liste de mails privée !
Manon Watine pour ODM