Découvrez comment manager sans être sans cesse ramenée à son genre avec les conseils de Jenny Chammas, coach.

novembre 14, 2020

Quelles difficultés rencontrent les femmes qui managent ? Peut-on parler de management « au féminin » ? Le leadership a-t-il un genre ? Dans une société culturellement patriarcale, comment manager en tant que femme ? Toutes ces questions, Jenny Chammas, Master Coach, auteure de Ambitieuse et Épanouie, et podcasteuse avec Femme Ambitieuse, les traite tous les jours auprès des premières concernées. J’étais très heureux de rencontrer Jenny pour en parler. L’échange que nous avons eu dans l’épisode du podcast s’est révélé extrêmement riche. Je vous mets le lien à la fin de l’article. En complément, voici les 6 conseils de Jenny Chammas pour manager quand on est une femme aujourd’hui : confiance, prise de parole, déculpabilisation, leadership et délégation… Le programme est chargé !

Jenny Chammas, coach pour femmes ambitieuses

Jenny Chammas a commencé par des études généralistes à Sciences Po, puis s’est spécialisée dans le management de la mode, l’une de ses passions. Elle a travaillé durant 10 ans dans le secteur du retail, à plusieurs postes, et notamment des postes de manager. À la fin de sa carrière de salariée, et avant de devenir entrepreneure, Jenny dirigeait les achats et ventes de H&M en Corée du Sud.  

Puis, Jenny a décidé d’avoir une deuxième vie professionnelle, car sans détester son job de management et de direction, elle ne se sentait plus aussi passionnée. C’est au cours d’un coaching qu’elle a compris que ce qu’elle voulait faire… C’était coacher ! Le coaching, c’était ce qu’elle préférait dans son travail de manager, et elle sentait qu’il y avait un vrai besoin en France. Elle s’est donc formée auprès de la célèbre Brooke Castillo, d’abord comme coach, puis comme Master Coach (formatrice en coaching). 

Jenny a ensuite monté son entreprise. Elle s’est spécialisée dans l’accompagnement de femmes comme elles : ambitieuses, et qui occupent des postes de leaders. Son objectif ? Les aider à développer leur leadership pour mieux accompagner leurs équipes et leurs idées, et à s’épanouir dans leurs fonctions.

Conseil n° 1 : identifiez vos pensées limitantes pour mieux les combattre

Pour la petite histoire, l’un de mes récents mails privés, que j’avais titré : « Une femme peut-elle être leader ? », a choqué l’une de mes auditrices. L’échange qui en a découlé était vraiment intéressant. C’est vrai quoi, on ne se pose même pas la question pour un homme. Or, on est bien d’accord, la différence n’est pas « de nature ». Manager en tant que femme ne devrait même pas questionner ! Pourtant, la différence de traitement existe. J’aurais pu intituler mon mail « Une femme peut-elle être leader dans une société patriarcale ? ». Les femmes, en 2020, ne sont toujours pas traitées de manière équitable aux hommes, notamment dans le monde du travail. Cela fait, à l’échelle de l’Histoire, peu d’années qu’elles occupent ces postes, et il y a moins de femmes leaders, moins de patronnes, moins de femmes managers ou dirigeantes, que d’hommes. Par la force des choses, le contexte dans lequel elles naviguent et la place qu’elles occupent sont donc différents.

Les freins des autres

Les différences de traitement entre les sexes commencent dès notre plus jeune âge. Parce que vous êtes une femme, on a probablement orienté, intentionnellement ou non, votre manière de socialiser lorsque vous étiez petite fille. On vous a encouragée à être douce et polie, à être gentille et effacée. Lorsque l’on transpose cela à la vie professionnelle, cela donne des femmes qui n’osent pas parler en réunion, surtout lorsqu’elles sont entourées d’hommes. Cela donne des femmes qui n’expriment pas leurs idées alors qu’elles sont brillantes. Cela donne des femmes qui ne négocient pas les salaires qu’elles méritent. 

Et vos freins à vous !

Alors, comment manager en tant que femme ? Le conseil de Jenny, c’est d’abord d’identifier ces différences, leurs sources, et comment elles fonctionnent. Finalement, c’est de connaître son adversaire pour mieux l’affronter. Et parmi vos plus féroces adversaires, il y a… Vos pensées ! Les barrières externes existent, l’idée n’est pas de le nier. Mais Jenny rencontre chaque jour des femmes qui, inconsciemment, ont ajouté à ces obstacles sociétaux leurs propres barrières internes, leurs propres pensées limitantes. Lutter contre ces limites auto-imposées, c’est le début d’une révolution féministe ET personnelle ! 

Conseil n° 2 : apprenez à vous connaître et à vous challenger

La question me taraudait : dans notre société, les femmes sont-elles obligées de copier les hommes pour réussir ? Jenny répond : non, non, et non ! Déjà, parce qu’en fait, on parle DES hommes et DES femmes. On parle d’une multiplicité d’identités, de réussites, de formes de leaderships et de fonctionnements managériaux. 

Manager en tant que femme, ce serait plutôt manager en étant consciente de la place que la société vous fait occuper comme femme, certes, mais surtout… En fonction de qui vous êtes, vous ! Pour Jenny Chammas, le meilleur moyen de réussir, c’est d’être soi, de trouver sa façon de faire et ses méthodes. Peu importe qu’elles soient étiquetées masculines ou féminines ! L’enjeu, c’est de déterminer ce par quoi vous avez été influencée, et de trier : « Est-ce que ça, c’est « moi », ou pas ? ». Faire semblant ne sert à rien. Se faire passer pour quelqu’un qu’on n’est pas, c’est épuisant et ça ne fonctionne pas. 

La méthode de l’exemple

La technique qu’utilise Jenny en coaching, c’est l’exemple, la mise en situation. Vous êtes allée à une réunion de direction et vous n’avez pas osé vous exprimer ? Vous avez un collaborateur masculin qui ne performe pas, mais qui en impose, et vous n’arrivez pas à lui faire de feedback ? Replongez-vous dans la situation, et décortiquez-la :

  1. Trouvez la limite (par exemple : « J’ai l’impression qu’il ne me prend pas au sérieux, et ça me bloque ») ;
  2. Réfléchissez aux dangers liés à votre action (spoiler alert : dans la majorité des cas, il n’y en pas, ou ils ne sont pas dramatiques) ;
  3. Challengez votre blocage : vous sentez-vous capable de passer au-delà et de vous lancer ? Où pourriez-vous trouver vos ressources ? Quelles compétences/qualités pourriez-vous exploiter ?
  4. Si cela vous semble trop difficile, trouvez des scénarios alternatifs (par exemple : « Je pourrais le questionner sur ses performances avant de faire le feedback, pour ouvrir la discussion »).

L’outil DISC

Bien se connaître, c’est un conseil que je donne souvent, moi aussi. Lorsqu’une situation nous agace, nous met en colère, ou nous fait peur, mieux vaut se questionner sur le Pourquoi, plutôt que de vriller illico sans chercher à comprendre. Quand on est une femme, manager peut vouloir dire être régulièrement confrontée à des tentatives de déstabilisation en raison de votre sexe. Bien vous connaître, c’est aussi développer l’assise suffisante pour ne pas être désarçonnée par ces attaques. Pour cela, ODM vous propose l’outil DISC, un test vraiment efficace pour se connaître, se comprendre et comprendre ses relations aux autres. La formation DISC Interactions est également disponible. Elle vous délivre une méthode pour apprendre à utiliser votre profil, vos forces et vos faiblesses, et à les mettre au service de votre management. 

Bref, soyez « responsable » ! Non pas au sens de coupable (« Je me suis laissée faire, c’est de ma faute si j’en suis là »), mais au sens d’actrice (« Je suis responsable de ce qui m’arrive, j’ai du pouvoir sur ma vie et je peux changer les choses »).

Conseil n° 3 : construisez votre leadership féminin pour upgrader votre management

Pour Jenny Chammas, le concept de leadership est important, et a fortiori celui de leadership féminin. Voici sa définition d’un leader :

  • un leader, c’est quelqu’un qui a une vision, qui sait où il veut aller et pourquoi, mais pas nécessairement comment : il emmène donc les gens avec lui pour trouver le Comment ensemble ;
  • un leader, c’est aussi quelqu’un qui sait prendre des décisions, et qui sait les mettre en action. 

Vous pouvez être leader sans être manager. Vous pouvez aussi être manager sans être leader. Mais soyons honnêtes : pour bien manager, mieux vaut savoir leader. Et une bonne leader, si elle ne sait pas manager, aura nécessairement besoin d’un(e) manager dans son équipe. 

Vous êtes manager. Cela signifie que, contractuellement, vous managez une ou des équipes. Vous avez certaines obligations sur le papier, certains incontournables. Si vous vous contentez de les exécuter opérationnellement sans travailler votre posture de leader, vous ne vous sentirez jamais tout à fait à votre place de manager. Pour développer votre leadership, voici quelques étapes :

  1. Comprenez bien la mission de l’entreprise, et « absorbez-la ». Faites de cette mission la vôtre. Saisissez-vous-en. 
  2. Apportez votre propre vision à cette mission : votre richesse, votre valeur ajoutée, vos inspirations.
  3. Apprenez à communiquer votre vision de façon à emporter les autres avec vous. Pour cela, connaissez parfaitement vos collaborateurs : la façon dont vous communiquez doit s’adapter aux singularités de chacun, pour personnaliser votre accompagnement. 

Si vous avez des lacunes dans ces domaines, ou si ces conseils vous paraissent trop exigeants, pas de panique ! L’idée, c’est que tout manager devrait au moins être sur le chemin du leadership. Mais vous avez toute votre carrière devant vous pour grandir ! Si vous voulez creuser ce thème spécifiquement, je vous conseille la formation Chef de Projet Relationnel, qui vous donne la méthode pour motiver, débloquer, animer vos collaborateurs en fonction de leurs personnalités. 

Conseil n° 4 : exercez votre confiance en vous, et osez !

La confiance est l’un des piliers du leadership et du management (si le sujet vous intéresse, je vous invite d’ailleurs à lire cet article passionnant à mon avis : Manager pas la confiance avec Charles Pépin, philosophe). Pourtant, soyez-en sûre, aucun leader n’est confiant 100 % du temps, ni sur 100 % des sujets ! Pour Jenny, la confiance est un muscle qui se travaille, qui s’entretient et qui se développe. Les problèmes de confiance en soi ne sont pas particulièrement féminins. Ils touchent les deux sexes. Mais la rudesse de certains rapports humains à l’égard des femmes peut ébranler leur confiance en elles. C’est pour cette raison que Jenny Chammas coache en particulier ses clientes sur ce point, et aujourd’hui, elle nous livre l’un de ses exercices favoris. 

Un outil : La Cible

Cet outil s’appelle La Cible. Imaginez votre confiance en vous sous forme de cible, avec trois zones. 

  1. Le cœur de cible, c’est votre zone de confort : vous savez comment faire, vous savez ce qui va se passer. Dès que vous en sortez, votre cerveau est en alerte et il vous est plus difficile d’agir.
  2. Juste après, c’est la zone élastique. Dans cette zone, vous n’êtes pas en confiance, mais les choses ne vous semblent pas totalement impossibles à accomplir. 
  3. Et enfin, vous arrivez dans votre zone de panique, la zone rouge, la zone terrifiante. 

Pour développer votre confiance, tentez de passer le plus de temps possible dans votre zone élastique. Exercez-vous à faire des choses inconfortables, mais pas inaccessibles. Plus vous le ferez, plus vous vous rendrez compte que vous êtes capable de le faire sans qu’un drame ne survienne. Et plus vous le ferez, plus vous acquerrez les compétences qui vous rassureront et élargiront progressivement votre zone de confort. 

Femme, manager, et confiante !

Par exemple : vous avez été fraîchement promue à un poste de manager. Votre premier feedback vous fait hyper peur. La première fois, vous vous trouvez clairement en zone de panique. Dès la deuxième fois, vous serez plutôt en zone élastique : ce ne sera toujours pas très confortable, mais cela ne vous semblera pas impossible. Et puis, au bout de plusieurs fois, le feedback sera intégralement assimilé à votre zone de confort. 

Pour éviter de vous retrouver en zone de panique, il y a un très bon moyen : suivre une méthode précise, une palette d’outils à votre disposition pour chaque situation. C’est ce que je propose dans toutes mes formations

En tant que manager, donc, commencez par trier ce qui est zone de confort, zone élastique, et zone de panique. Puis, attaquez-vous régulièrement et progressivement à votre zone élastique. Enfin, observez avec satisfaction votre zone de confort qui s’élargit 😉 

Conseil n° 5 : n’hésitez plus à déléguer !

Certaines femmes ont très peur de déléguer. Pourquoi ? L’une des raisons principales est leur peur de se voir reprocher leur incapacité à mener de front vie de famille et vie professionnelle. Je ne sais pas si vous connaissez cette phrase populaire, assez parlante : on attend des femmes qu’elles travaillent comme si elles n’avaient pas d’enfants, et qu’elles s’occupent de leurs enfants comme si elles ne travaillaient pas. On n’attend pas la même chose des hommes, me semble-t-il…

En conséquence, certaines vivent la délégation comme un aveu de faiblesse, d’autres ont la sensation qu’elles doivent se montrer infaillibles pour être respectées. 

Ce que nous dit Jenny Chammas – et j’abonde 1000 fois dans son sens – c’est qu’en fait, déléguer, C’EST leader. C’EST manager. La délégation est l’un des outils principaux du management. La délégation, c’est du coaching, de la formation, de l’accompagnement au développement professionnel et à l’épanouissement. C’est primordial pour le bien-être du collaborateur. Ça n’est pas égoïste, ça n’est pas un renoncement. C’est une bonne stratégie, et un choix intelligent.

Si vous ne pouvez/voulez pas déléguer, cela met peut-être en exergue plusieurs symptômes dans votre équipe :

  • manque de confiance en vos collaborateurs ;
  • pas (assez) d’accompagnement à l’autonomie de votre équipe ;
  • vous passez trop de temps à travailler DANS votre équipe, plutôt que SUR votre équipe ;
  • etc.

En réalité, mettre en place un processus de délégation systématique apporte des bénéfices considérables à l’équipe, à l’entreprise, et au manager. J’ai développé une méthode de délégation, qui est décrite brièvement dans cet ebook gratuit, et à laquelle vous pouvez vous former en ligne

Dernier conseil pour manager en tant que femme : formez-vous et faites-vous coacher !

Vous êtes peut-être arrivée ici parce que vous cherchiez simplement quelques conseils, ou des pistes d’amélioration pour votre management. Dans ce cas, je vous encourage à découvrir mon catalogue de formations, que j’appelle aussi mes Form’actions, puisque je mets un point d’honneur à livrer des méthodes applicables immédiatement et extrêmement pragmatiques. Vous ne savez pas vers quoi vous diriger ? Remplissez cet outil de scoring gratuit pour connaître vos zones de progrès.

Vous êtes peut-être aussi arrivée ici parce que vous êtes particulièrement contrariée par votre vie professionnelle. Vous ne savez plus comment manager votre équipe ? Vous vous sentez au bord du burnout ? Vous ne vous sentez plus à votre place ? Vous réfléchissez à une reconversion ? Peut-être devriez-vous considérer l’idée de vous faire coacher ! Jenny Chammas peut vous aider à comprendre où vous en êtes, et pourquoi vous y êtes, puis vous accompagner de votre point A à votre point B. Son but ? Vous remettre en action pour que vous réalisiez VOS objectifs. Ses techniques ? Vous apprendre à comprendre vos émotions et vos pensées, et à les gérer en les « hackant » éventuellement. Pour contacter Jenny, c’est sur son site : jennychammas.com. Vous y retrouverez son podcast Femmes Ambitieuses, des cours gratuits, et ses offres de coaching. 


Et voilà, j’espère que cet article vous aura donné les pistes que vous cherchiez ! Manager, en tant que femme, est un travail d’équilibriste entre pression sociale et réalisation de soi, et vous faites bien de chercher les ressources pour avancer. Si vous souhaitez recevoir du contenu de ce style régulièrement, directement dans votre boîte mail, vous pouvez vous abonner à ma liste confidentielle. Cet article vous a plu ? N’hésitez pas à écouter mon échange avec Jenny dans le podcast Outils du Manager ! Cet article vous a inspirée ? Discutez-en avec d’autres managers sur le post dédié du forum.