novembre 12, 2019

Quand vous rentrez chez vous le soir, il est possible que vos dialogues ressemblent à ça :

« Alors, comment s’est passée ta journée ? », « Pff, mon chef se croit encore tout permis, j’en ai ras-le-bol ! ». En tous cas, moi je l’ai vécu ET entendu de la part de mon entourage. Ce doit être le grand classique des échanges de fin de journée. 

Et pas seulement. C’est aussi reflété par de nombreux articles sur le management. 

L’autre jour, par exemple, je suis tombé sur la couverture du magazine Society, qui titrait : “Mon N+1 est un c…”. Ce genre de formules imagées nous mettent sous les yeux le véritable malaise qui existe dans pas mal d’entreprises par rapport à l’avis que l’on porte sur nos managers. 

Pour vous, manager, ça se corse, parce que vous êtes à la fois managé par votre supérieur, et manager de vos collaborateurs. 

La semaine dernière, nous évoquions la marche à suivre lorsqu’un de vos N-1 refuse d’obéir. Cette semaine, nous abordons le problème inverse : Comment gérer un désaccord avec votre chef ?

Pourquoi êtes-vous agacé par votre manager ?

Souvent, cela provient d’un sentiment d’injustice. 

D’ailleurs, ce sentiment s’immisce progressivement. Lorsqu’on commence un nouveau travail, il n’est pas rare de connaître une période de lune de miel, un peu comme dans les relations amoureuses. On découvre des nouveaux fonctionnements, de nouveaux collègues et de nouveaux supérieurs. Si, en plus, on a quitté son précédent boulot parce qu’on n’y était pas bien, en comparaison, tout peut paraître plus beau. Et puis, avec le temps, le vernis s’écaille un peu, on perçoit les faiblesses de son chef et il nous agace de plus en plus. 

C’est normal ! 

  • d’une part, c’est normal qu’il ait des faiblesses : c’est un être humain ; 
  • d’autre part, c’est normal que cela vous agace : on ne comprend pas pourquoi quelqu’un aurait un pouvoir sur nous quand il nous paraît moins avisé que nous.

On a l’impression qu’il usurpe son pouvoir, qu’on perçoit alors illégitime. Et c’est là que nous nous trompons. En entreprise, le pouvoir n’est pas une supériorité absolue. Ce n’est pas que votre, chef, appelons-le Arnaud, est plus expert, plus fort, plus intelligent que vous. C’est que l’organisation dans laquelle vous vous trouvez a décidé de donner du pouvoir hiérarchique à Arnaud. 

Ce pouvoir lui vient de sa fonction, qui est différente de la vôtre, et qui lui a été attribuée parce que l’entreprise juge qu’il en a le potentiel. Mais cela lui crée aussi des obligations de résultats. Vous le savez d’autant mieux que vous-même êtes manager.

Je commence par cela, parce que si votre manager est une source de frustration, vous devez comprendre pourquoi. Donc, premier conseil : changez votre mindset, et intégrez bien le fait que votre manager n’est pas supérieur à vous. 

Cela lui donne du pouvoir dans un cadre précis, rien de plus.

Votre manager a une mission

Une entreprise, c’est un ensemble de personnes, voire même un très grand ensemble de personnes. Or, on sait qu’au-delà de 8 personnes, un groupe commence à devenir inefficace, à cause de la friction de communication. C’est à dire que plus on est nombreux, plus l’efficacité de chacun baisse. J’en ai parlé dans cette vidéo, si cela vous intéresse.

Forcément, pour remédier à ce problème, on doit créer des cellules. Ce n’est pas dans un objectif de contrôle que l’on met des chefs. C’est dans le but de faciliter la communication, et donc le potentiel de chacun. 

Le rôle de manager donne donc un pouvoir spécifique, mais aussi une mission : celle d’influencer son équipe pour obtenir des résultats et de la fidélisation. Le manager a donc forcément une vocation de communication descendante à valeur ajoutée. 

C’est à dire qu’il ne contente pas de répéter le message de la direction : il lui donne une valeur ajoutée. Son travail, c’est de traduire ce message pour chacun. 

N’oubliez pas cela. Votre manager n’est pas là pour vous faire plaisir. Vous n’avez pas besoin de l’aimer comme un copain. Il n’est pas là non plus pour être un pourri et pour vous mener la vie dure. Rappelez-vous en quand vous pensez que votre chef est un imbécile. 

Votre manager a du courage

Désormais, vous savez que votre manager ne vous est pas supérieur en tous points. Il a du pouvoir parce qu’il lui a été conféré par l’entreprise, et cela lui donne une mission. 

Maintenant, il reste une question : est-il bon en management ? 

  • si vous êtes agacé, vous aurez tendance à penser que non. Mais savez-vous ce que c’est qu’être bon en management ? On l’a vu juste avant, c’est obtenir les deux R : rétention et résultat ;
  • si la réponse est toujours non, alors demandez-vous très (très) honnêtement si vous y êtes pour quelque chose. Votre agacement entraîne-t-il une attitude qui pourrait l’empêcher de bien manager ?
  • non ? C’est vraiment lui qui est mauvais ? La question suivante, c’est pensez-vous être meilleur que lui  ?

Ce n’est pas une pirouette, ni une façon de déresponsabiliser les chefs. C’est une vraie question. Souvent, les plus critiques sur leur manager sont ceux qui ne veulent surtout pas manager. 

N’oubliez jamais que le fait d’avoir accepté ce poste, surtout en France, dénote une certaine dose de courage. Cela veut dire qu’il a accepté des responsabilités et une pression plus importantes. Il a aussi accepté que vous puissiez le critiquer derrière son dos. Dans la plupart des cas, un petit peu d’empathie fait redescendre l’agacement. 

Ça n’est pas un argument contre la médiocrité, cela ne veut pas dire qu’il est exempt de tout défaut, mais cela mérite d’y penser quand même.

Mais tout cela, vous le savez puisque vous aussi, vous êtes un manager.

Vous êtes un Middle Man

Nous en parlions déjà la semaine dernière pour la situation inverse. Vous managez vos collaborateurs, et vous êtes managé par votre boss. Vous avez un N+1, et des N-1. Bref, vous êtes “l’homme du milieu”, le Middle Man, selon un terme inventé par Mark Hortsmann (celui qui m’a inspiré pour créer Outils du Manager). 

Cette posture est difficile. On se sent entre le marteau et l’enclume.

Mais mon objectif n’est pas de vous écrire un article défoulatoire, ou de vous apprendre à rabaisser votre chef. Ça ne sert à rien, et ça n’aide personne. 

Au contraire, être un Middle Man peut devenir un sacré atout, si vous le décidez

Parce qu’être le Middle Man, c’est une façon de vous rappeler que vous avez toujours un étalon, un critère de comparaison directement à portée de main

Utilisez ce test tout simple. Quand vous êtes en désaccord avec votre chef, et avant d’agir, posez vous cette question : « Ce que je suis sur le point de faire/dire, est-ce que j’apprécierais que mes collaborateurs le fassent ? ». 

Observez vos comportements

L’une des attitudes que j’ai sans cesse rencontrée au cours de mes formations en entreprise, c’est celle qui consiste à dénigrer son N+1 devant ses N-1. On a donc des managers qui disent à leurs équipes : « Bon, vraiment, Arnaud, je n’adhère pas du tout à sa façon de faire, alors je vais faire différemment avec vous, et je vais vous protéger de lui ». 

C’est facile.
Et c’est absurde. 

Ce discours est complètement incohérent avec le fonctionnement d’une entreprise. Même si vous n’êtes vraiment, vraiment pas d’accord avec les méthodes de votre chef, si vous décidez de rester dans la boîte, vous ne pouvez pas agir de cette façon. 

Ce n’est pas parce que votre manager est défaillant sur certains comportements que vous devez vous aussi avoir un comportement préjudiciable à votre entreprise.

C’est un exemple parmi d’autres, mais c’est un exemple fréquent. Effectuez ce test du Middle Man, et vous vous en rendrez compte facilement. 

  1. vous détesteriez que vos collaborateurs vous fassent cela ;
  2. vos collaborateurs n’aiment sûrement pas ça non plus : au fond, on déteste que notre manager se lâche sur son propre chef. 

Evitez donc d’imiter votre chef et de vous adonner, par agacement, à des comportements négatifs. Soyez le meilleur manager possible, vous aurez progressé.

Il y a d’autres manières d’exprimer son désaccord, nous y arrivons en fin d’article. 

Observez les comportements de votre manager

Puisque vous êtes un manager-managé, vous avez la chance d’avoir un modèle à observer. Servez-vous en ! 

Lorsque votre supérieur fait quelque chose qui vous déplaît, notez-le quelque part, pour ne pas réitérer ce comportement avec vos collaborateurs. A l’inverse, prenez pour exemple tous ses comportements qui vous stimulent dans votre travail. 

Et je vous vois venir… Si si, il y en a ! J’ai eu plusieurs chefs dans ma carrière. Je n’ai jamais eu un seul chef parfait. En revanche, tous, et même les plus mauvais, m’ont appris des choses positives.

Observer votre manager pour relever ses comportements positifs, c’est déjà vous sortir vous-même de votre jugement, et de votre mood négatif, pas agréable à vivre. A la place, ayez conscience que votre manager n’est pas quelqu’un que vous devez aimer ou détester. C’est quelqu’un qui a des comportements : certains que vous appréciez, d’autres que vous détestez.

En tant qu’êtres humains, nous apprenons en imitant. Souvenez-vous de la manière dont vous appreniez, enfant. Nous apprenons aussi en échangeant avec les autres. Si vous vous inscrivez dans cette démarche, vous pourriez même admirer cette personne pour ses comportements intéressants, et finir par discuter management avec elle !

Comment faire un reproche à votre manager

Si après tout cela, il y a toujours un comportement chez votre manager qui reste inacceptable à vos yeux, voilà ce que je vous propose :

  1. Identifiez un seul et unique comportement, particulier, précis. Ne faites pas de reproches généraux ou divers. Vous devez pouvoir le décrire comme un fait, et commencer votre phrase, par exemple, par « Quand tu…» ; 
  2. Identifiez les impacts négatifs de son comportement sur vos performances par rapport aux objectifs de l’entreprise. Il faut que ce lien soit clair et argumenté. Par exemple : « Quand tu hausses le ton pour me faire un reproche, je perds mes moyens, et je deviens complètement inefficace pendant plusieurs jours ». 

Pourquoi est-ce que je prends autant de précaution ? Parce que si vous allez le voir pour lui parler de quelque chose qui vous insupporte mais qui n’a aucun impact sur la performance de l’entreprise, vous risquez d’être très mal reçu par votre manager, surtout si c’est un très bon manager.

Pareil si vous pouvez vous-même modifier votre comportement pour compenser le sien. Avant de vous demander ce qu’il peut changer, demandez vous ce que vous pouvez changer chez vous.

Dernière chose : je ne vous conseille pas de commencer par cela. Ça peut paraître injuste, mais faire un reproche à son manager, c’est toujours prendre un risque. 

Je vous conseille d’écouter notre podcast qui a pour titre Changez votre patron, ou mieux, de suivre la form’action Meilleures relations avec mon boss.

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Manon Watine pour ODM